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13 mai 2017 6 13 /05 /mai /2017 20:13

Combattre la politique de Macron

Il ne faut donner aucune chance au huitième président de la Vème République. Il n'est certes pas le premier président élu contre un candidat dont les Français ne voulaient pas ou ne voulaient plus. Il est vrai que son résultat dépasse celui de nombre de ses prédécesseurs. Cela n'empêche, on ne peut faire croire qu'il s'agit d'un large score d'adhésion.

Que sa légitimité présidentielle ne puisse être remise en cause n'est pas la question. Emmanuel Macron n'est pas un ovni de la politique comme pourraient tenter de le laisser penser les portraits dithyrambiques dont nous ont abreuvés, ces derniers jours, les chaînes de télévision, les radios, les journaux.

Félicité dès sa victoire par Angela Merkel, appelé par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à « faire des réformes douloureuses et à investir là où il faut », le nouveau président sera d'abord l'allié fidèle d'une Europe libérale. Celle qui nous impose la rigueur et l'austérité. Il ne saurait passer, comme nous l'avons trop entendu depuis ce dimanche 7 mai, pour un homme libre et indépendant. Il est et reste celui de la finance et du libéralisme qui écrasent les peuples.

Dans le domaine social, les grandes lignes faussement généreuses de son programme ne peuvent nous tromper. Les salariés pourront toujours se satisfaire d'une « prise en charge à 100% de leurs lunettes et de leurs prothèses auditives et dentaires d'ici 2022 ». Ils apprécieront beaucoup moins l'aggravation d'une loi travail qu'ils ont durement combattue l'an dernier et que certains éditorialistes qualifient de « très timide ».

Sans faire l'inventaire des mesures qui nous attendent quant à la nouvelle casse du Code du travail, (nous en aurons tout loisir dans les semaines et les mois qui arrivent), nous pouvons déjà nous attendre à la réforme prudhomale. Lorsqu'il était ministre de l'Économie, en 2015, Emmanuel Macron avait déjà voulu plafonner les indemnisations accordées par les prud'hommes en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse. La loi Macron sur la croissance et l'activité prévoyait des planchers (il faut bien protéger les salariés!) et des plafonds pour les indemnités. Car il s'agit de donner aux entreprises « une visibilité et une assurance qui permettront de lever les freins à l'embauche ». Le projet de loi tenait notamment compte de l'ancienneté du salarié mais aussi de l'effectif de l'entreprise. Mais à l'époque, le Conseil constitutionnel avait censuré ce dernier critère.

La loi El Khomri avait essayé de réintégrer cette mesure. La mobilisation avait finalement dissuadé le gouvernement. Nul doute que le nouveau président, qui promet de laisser ses ministres travailler, espère voir aboutir ce type de réforme. Les députés de gauche auront du pain sur la planche. La rue aura son mot à dire.

 

Philippe ALLIENNE

(Billet publié par Liberté Hebdo n° 1271 du 12 mai 2017).

 

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