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26 septembre 2009 6 26 /09 /septembre /2009 18:41
Les porteurs de micro n'empêchent pas les crises de rage de Sarkozy


L'information et la communication tendent trop à faire couche commune. Lorsque la confusion sera acquise et digérée, il sera trop tard pour avoir peur.


La prestation de Nicolas Sarkozy sur TF1 et France 2, mercredi 23 septembre depuis New-York, aura  fait grand bruit. La plupart des médias en auront d'abord et surtout retenu  cette atteinte à la présomption d'innnocence :
 

"Au bout de deux ans d'enquête, deux juges indépendants ont estimé que les coupables devaient être traduits devant un tribunal correctionnel." a ainsi répondu le président, en fin d'entretien, à une question sur l'affaire Clearstream. Difficile de croire à un lapsus, d'autant que son auteur, lorsqu'il était encore ministre de l'Intérieur (en 2003), avait déjà commis le même dérapage en annonçant l'arrestation d'Yvan Colonna. On peut à nouveau écouter cette phrase en se souvenant que M Sarkozy est avocat :

http://www.rtbf.be/info/monde/france/nouvelle-gaffe-de-n-sarkozy-coupable-pour-prevenu-144144

Intouchable durant son mandat présidentiel, M Sarkozy fait cependant l'objet d'une assignation à comparaître devant le tribunal de grande instance de Paris, pour atteinte à la présomption d'innocence. Dominique de Villepin n'a en effet pas attendu pour déposer une plainte.

Cette bourde n'a pas été la seule.  A cet égard, l'interview télévisée a donné lieu à un véritable festival. Ainsi, rapporte Libération du jeudi 24, les Verts ont dénoncé l'approsimation écologique du président qui, pour défendre la taxe carbone,  confond "couche d'ozone" et "effet de serre". Dans un communiqué, le 24 septembre, le Syndicat national des journalistes CGT s'indigne lorsque le président assure que la France est le premier pays européen à mettre en place une taxe carbone. "Un mensonge", relève le syndicat.

Mais le SNJ CGT met surtout en cause le rôle des journalistes dans ce type d'entretien. S'agissant de Laurence Ferrari(TF1) et Davide Pujadas (F2), il dénonce "deux porteurs de micro toujours prompts à répondre à ses injonctions [de Nicolas Sarkozy -ndlr] pour se livrer à une nouvelle opération de communication dont il a la fâcheuse habitude."

"A aucun moment, poursuit le syndicat,  les deux journalistes n’ont apporté la moindre contradiction au président de
la République, même lorsqu’il mentait.. (...)
En outre, il est inconvenant de convoquer des journalistes à l’étranger pour traiter des affaires franco-françaises et annoncer, par exemple, l’augmentation du forfait hospitalier ou confirmer l’imposition des indemnités en cas d’accident du travail." Et de conclure : "Les deux journalistes se sont comportés comme des faire-valoir et non comme des journalistes chargés d’informer complètement les citoyens.  Cette mascarade ne grandit ni la fonction présidentielle, ni la profession de journaliste".

 

Le SNJ CGT n'est du reste pas le seul à poser la question du rôle des deux journalistes. Le Grand Journal de Canal+ a reçu David Pujadas et lui a demandé pourquoi ni lui, ni sa consoeur, n'ont relevé le mot "coupable", prononcé à la place de "prévenu". La vidéo ci-dessus est éloquente.  

 

http://tv.lepost.fr/2009/09/25/1712734_pujadas-se-justifie-mollement-apres-l-itv-sarko.html

Pour le présentateur vedette de France2, tel n'était pas le sujet. Au passage, on voit aussi le désarroi du PdG Patrick de Carolis. Celui a pourtant l'habitude des engueulades présidentielles. On se souvient par exemple des incidents lors du passage du président Sarkozy sur le plateau du 19/20 de France 2, le 30 juin 2008, quelques mois avant la suppression de la publicité sur France Télévision. Deux cents manifestants CGT l'avaient hué  Refusant de serrer la main de Patrick de Carolis, Nicolas Sarkozy avait lancé : Cette maison n'est pas tenue, c'est une honte, un scandale". S'en était suivie une colère mémorable du président. Il faut lire à cet égard le livre que viennent de publier  Renaud Saint-Cricq et Frédéric Gerschel, chez Flammarion : "Canal Sarkozy, le président et la télé, deux ans d'histoires secrètes".

Le 24 septembre, à New York, après l'interview télévisée, Nicolas Sarkozy s'en est cette fois pris à Arlette Chabot. La grosse colère aurait duré 15 minutes pour dire, au final, qu'il n'y a pas de véritable émission  politique sur France 2. Les  journalistes sont accoutumés à ses crises de rage et à ses opinions lapidaires sur la presse et les médias. Mais ce à quoi les trente-huit mille journalistes de France (plus si l'on ajoute ceux qui ne possèdement pas la carte professionnelle) doivent refuser de s'habituer, c'est cette idée que l'informationn et la communication ne devraient plus faire qu'un. A partir du moment où la confusion sera digérée, il sera trop tard pour avoir peur.
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commentaires

R
<br /> "...ce à quoi les trente-huit mille journalistes de France (plus si l'on ajoute ceux qui ne possèdement pas la carte professionnelle) doivent refuser de s'habituer, c'est cette idée que<br /> l'information et la communication ne devraient plus faire qu'un. A partir du moment où la confusion sera digérée, il sera trop tard pour avoir peur. "<br /> <br /> Nous avons cette même réflexion dans certaines de nos radios associatives<br /> <br /> Oui, de plus en plus la presse joue le jeu des pouvoirs successifs qui ont organisé son espace de survie, et du patronnat qui la nourrit<br /> <br /> Les journalistes qui s'insurgent sont de 3 catégories :<br /> <br /> - ceux qui sont sous l'influence ou les faire-valoir d'un parti (opposé)<br /> - ceux qui ont des problèmes personnels qu'ils transcendent par une résistance héroïque<br /> - et quelques autres qui mériteraient plus de respect et de soutien d'une population que je trouve de moins en moins exigeante et qui attend de l'information des émotions, du plaisir, du loisir,<br /> abandonnant les clés du maigre pouvoir qui a pu être le sien à certaines époques de notre l'histoire que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître...<br /> <br /> Bon courage<br /> <br /> amitiés<br /> <br /> René Lavergne<br /> Président de la<br /> Fédération des Radios Associatives du Nord de la France<br /> www.franf.fr<br /> <br /> <br />
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